Un programme de gauche se doit de s'attaquer aux trois grands défis d'aujourd'hui :
justice sociale,
menace sur le climat,
paix dans le monde.
Le deuxième point est évidemment le plus important à long terme, mais on doit mettre la justice sociale en premier car on ne pourra obtenir l'adhésion du pays à un changement politique radical si on ne réalise pas ce point.
La paix dans le monde dépendra fortement des deux premiers points, mais nécessite une approche particulière car mettant en jeu d'autres éléments : nationalisme, tensions ethniques ou religieuses...
Ce programme doit répondre à un besoin d'efficacité et pour cela, il doit rompre avec une vieille habitude de la politique, celle de traiter plutôt les symptômes plus que les causes, pour obtenir des résultats rapides, compatibles avec les échéances électorales.
Ce programme doit aussi être lisible et cohérent. Il doit donc tenir dans un document court et bien structuré, ne contenant que les points essentiels. Combien d'électeurs vont lire les 125 points du projet antilibéral. La plupart vont s'arrêter au préambule et le trouver vide. Le document principal pourra être complété par un argumentaire plus détaillé qui aura d'autant plus de chance d'être lu que l'intérêt aura été accroché par le projet.
Je le répète, la force du projet tiendra dans sa structure et sa cohérence. Un projet n'est solide que si son fondement l'est, et le fondement d'un projet de gauche doit être une réforme fiscale. C'est une nécessité pour donner à l'Etat les moyens d'agir tout en rétablissant l'équité. Les besoins sont considérables : éducation, recherche, santé, logement social, culture, justice, police manquent de moyens.
Or que constatons-nous ? Le PS parle de fiscalité dès le début de son projet (chapitre I.I.B), mais d'une manière timide et alambiquée. Un simple paragraphe dans une section sur le pouvoir d'achat. Les termes sont assez confus et ne donnent pas l'impression d'une volonté de réforme en profondeur. Visiblement, pour le PS, il ne s'agit pas là d'un élément stratégique,à moins que, s'agissant d'un domaine aussi délicat, le PS préfère rester dans le flou.
Dans le projet des collectifs, c'est encore pire. Les moyens financiers occupent la 7e et dernière partie du projet. La réforme fiscale est la proposition 123 sur 125 et n'a absolument rien de révolutionnaire. A la vérité c'est même d'une banalité digne du projet du PS. Tout tient en une vague adaptation du système en vigueur. Il n'y a pas là de quoi financer un projet ambitieux, mais le reste du projet ne l'est pas vraiment.